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CHAPITRE IX.


providence le rend présent à tous les êtres, et que, pour leur commune utilité, il est tout en tous, sans cesser toutefois de demeurer en lui, sans se départir de son essentielle identité, immobile en cette activité permanente et parfaitement simple ; ensuite parce que sa vertu féconde et inépuisable transforme et divinise ceux qui se convertissent à lui. Une autre manière de comprendre la diversité nous est encore fournie par les formes variées que Dieu a revêtues dans ses fréquentes apparitions, et qui renferment d’autres enseignements où les sens n’atteignent pas. Car, si l’on voulait dépeindre l’âme sous des traits empruntés au monde physique, et attribuer à cette nature indivisible les membres du corps humain, nous croirions à coup sûr que ce langage ne lui est pas proprement applicable et ne lui convient que dans un sens compatible avec son immatérialité : ainsi la tête serait une image de l’entendement ; le col figurerait l’opinion qui tient le milieu entre la raison et l’instinct ; la colère serait représentée par la poitrine, la concupiscence par l’estomac, la force qui soutient notre vie par les cuisses et les pieds, et les noms des diverses parties du corps deviennent le symbole des facultés de l’âme. Or, à plus forte raison faut-il spiritualiser, par la sainteté et la noblesse des explications mystiques, les apparences et les formes multiples sous lesquelles se voile celui qui est supérieur à tout. Et si vous appropriez à Dieu, qu’on ne saurait ni toucher ni figurer, les trois dimensions des corps, la largeur en Dieu sera la protection immense dont il couvre toutes les créatures ; la longueur, c’est sa force qui s’étend par delà les mondes ; et la profondeur, c’est le mystère de son obscurité incompréhensible à tous les êtres. Mais si je m’arrêtais à l’ex-