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DES NOMS DIVINS.


superflus, et puis s’imaginent avoir triomphé, et s’applaudissent eux-mêmes, avant de connaître la force de leurs rivaux. Pour nous, pénétrant selon nos forces le sens de l’écrivain sacré, nous publions à la gloire de Dieu très-haut, qu’il est tout-puissant, bienheureux et seul indépendant ; qu’il soumet les siècles eux-mêmes à son autorité, et ne saurait éprouver de vicissitude ; et mieux encore, que dans sa puissance sur-essentielle, tous les êtres préexistent d’une manière transcendante ; et que par sa force infinie, il donne à toutes choses, avec une libéralité magnifique, et de pouvoir exister et d’exister réellement.

VII. Nous disons encore que Dieu est justice, parce qu’il distribue à tous les êtres, selon leur dignité respective, les sages proportions, la beauté, l’ordre et le parfait ensemble ; parce qu’il assigne à tous leurs fonctions et leur rang, d’après une règle souverainement équitable ; et parce qu’il est la cause première de leurs opérations diverses. Car la justice divine règle toutes choses, les limite, les maintient sans mélange ni confusion, et leur donne ce que réclame le degré d’élévation où elles sont placées. Or, si cela est vrai, ceux qui accusent l’équité de Dieu commettent eux-mêmes, sans y faire attention, une criante injustice. Car, à les entendre, Dieu aurait dû donner l’immortalité à ce qui est mortel, la perfection à ce qui est imparfait ; régir par la nécessité ce qui est libre, assurer l’immutabilité à ce qui change, la force parfaite à ce qui est faible, l’éternité à ce qui est temporel, l’immobilité à ce qui est variable, et une durée sans fin à nos plaisirs fugitifs ; en un mot, ils voudraient que toutes choses fussent précisément le contraire de ce qu’elles sont. Mais il faut savoir que la justice divine est bien véritablement