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DES NOMS DIVINS.


quelque analogie avec lui, qui les a produites. Mais il y a encore une plus parfaite connaissance de Dieu qui résulte d’une sublime ignorance et s’accomplit en vertu d’une incompréhensible union ; c’est lorsque l’âme quittant toutes choses, et s’oubliant elle-même, est plongée dans les flots de la gloire divine, et s’éclaire parmi ces splendides abîmes de la sagesse insondable. Toutefois je répète qu’on peut connaître Dieu par la création ; car, selon les Écritures, c’est lui qui a créé toutes choses, et établi d’inviolables rapports[1] ; qui a fondé, et qui maintient l’ordre et l’harmonie universelle ; qui allie heureusement ensemble l’extrémité inférieure d’un rang plus élevé et l’extrémité supérieure d’un rang subalterne, et ramène toutes les créatures à une merveilleuse unité et à un accord parfait.

IV. Dieu est encore nommé raison dans les saintes Lettres, non-seulement parce qu’il est le distributeur de toute raison, intelligence et sagesse, mais aussi parce qu’en son unité préexistent les causes de tout, et qu’il pénètre l’univers, atteignant d’un bout à l’autre, comme parlent nos oracles[2] ; mais surtout parce que la raison divine est d’une simplicité sans égale, et que son excellence infinie la rend essentiellement supérieure à tout. Et cette raison n’est autre chose que la vérité dans sa simplicité parfaite, et la pure et infaillible connaissance des choses ; et sous ce rapport, elle devient l’objet de la foi divine ; et la foi, base inébranlable, fixe les croyants dans la vérité, et fixe la vérité en eux ; et la vérité connue dans sa pureté, les fidèles s’y attachant avec une force et une persuasion invincibles. Car, si la connaissance unit

  1. Proverb., 8 ; Sapient., 7.
  2. Sapient., 8.