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CHAPITRE V.


soleil qui verse uniformément les flots de sa lumière sur la substance et les qualités des corps si nombreux et si variés, cependant les renouvelle tous, les alimente, les conserve et les perfectionne, les distingue et les unit, les échauffe et les féconde, les fait croître, les transforme et les fortifie, leur donne de produire et de se mouvoir et de vivre ; si tous, selon leur nature respective, reçoivent l’influence d’un seul et même astre, qui, ainsi, possède préalablement, sous la raison de l’unité, les causes diverses de tant d’effets : à plus forte raison faut-il accorder que les types de toutes choses préexistent, sous la condition d’une parfaite et surnaturelle unité, en celui qui est l’auteur du soleil et de tous les êtres : car c’est lui qui produit les substances par une force qui le rend supérieur à toute substance.

IX. Or, nous nommons types ou exemplaires les raisons créatrices des choses, et qui préexistent dans la simplicité de l’essence divine. L’Écriture les appelle prédestinations et saintes et bonnes volontés, qui constituent et réalisent les êtres, et selon lesquelles la souveraine puissance détermine et produit tout ce qui est. Quand donc le philosophe Clément avance que les types ou exemplaires ne sont autre chose que ce qui se conçoit de plus noble dans les créatures, il ne donne pas aux mots leur valeur propre, rigoureuse et naturelle ; et quand on accorderait que ce langage fût exact, encore faudrait-il l’entendre dans le sens des saints oracles, où il est dit que les créatures ne nous sont pas manifestées pour qu’on les adore, mais afin que, par la connaissance qui nous en viendra, nous soyons élevés, selon la mesure de nos forces, jusqu’à la cause universelle[1]. Toutes

  1. Exod., 25.