Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
DES NOMS DIVINS.


dresses. En un mot, l’amour et son objet ne sont autre chose que le bon et le beau, et ils préexistent dans le bon et le beau, et ils ne se produisent que par le bon et le beau.

XIV. Mais enfin que veulent dire les théologiens, quand ils nomment Dieu tantôt amour et dilection, tantôt aimable et bien-aimé ? La première locution désigne la charité dont Dieu est la cause, le principe fécond et le père ; par la seconde, il est désigné lui-même. Comme amour, il s’incline vers la créature ; en tant qu’aimable, il l’attire à lui, ou bien il se pose en face de lui-même comme objet intime de ses propres aspirations. On le nomme aimable et bien-aimé, parce qu’il est bon et beau ; on le nomme amour et dilection, à raison de la vertu qu’il a d’élever et d’entraîner les êtres vers lui, seule beauté et bonté essentielle, et d’être à lui-même sa manifestation, et un suave écoulement de l’ineffable unité, et une expansion douce, sans impur mélange, spontanée, armée d’une activité propre, préexistant dans la bonté d’où elle déborde sur tous les êtres, pour retourner ensuite à sa source. Ainsi apparaît-il excellemment que le saint amour ne reconnaît ni commencement ni fin : c’est comme un cercle éternel, dont la bonté est à la fois le plan, le centre, le rayon vecteur et la circonférence : cercle que décrit dans une invariable révolution la bonté qui agit sans sortir d’elle-même, et revient au point qu’elle n’a pas quitté. C’est ce qui fut divinement expliqué par notre illustre maître, dans ses hymnes d’amour ; il n’est pas sans à-propos de s’en souvenir, et d’en citer ici quelque chose, comme couronnement de ce que nous avons dit sur l’amour.