Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
DES NOMS DIVINS.


absent, puisqu’il n’habite pas un lieu et qu’il ne passe point d’une place à l’autre. Et même affirmer qu’il est dans tous les êtres, c’est exprimer bien mal son infinité qui comprend et surpasse toutes choses. L’homme s’élève donc par la prière à la contemplation sublime des splendeurs de la divine bonté : tels, si une chaîne lumineuse attachée à la voûte des cieux descendait jusque sur la terre, et si, la saisissant, nous portions sans cesse et l’une après l’autre les mains en avant, nous croirions la tirer à nous, tandis qu’en réalité elle reste immobile à ses deux extrémités, et que c’est nous qui avançons vers le splendide éclat de son radieux sommet. Tels encore, si, montés dans un navire, nous tenions pour nous aider un câble fixé à quelque rocher, nous ne ferions pas mouvoir le rocher, mais bien plutôt nous irions à lui, et le navire avec nous. Tel enfin, si, du bord d’un bateau, quelqu’un venait à pousser les montagnes du rivage, il n’ébranlerait certes pas ces masses immenses, immobiles, mais lui-même s’éloignerait d’elles ; et plus son effort serait violent, et plus il se rejetterait loin. C’est pourquoi dans tous nos actes, et surtout quand il s’agit de traiter des choses divines, il faut débuter par la prière, non pas afin d’attirer cette force qui n’est nulle part et qui est partout, mais afin de nous remettre entre ses mains et de nous unir à elle par un souvenir et des invocations pieuses.

II. Mais il convient de repousser un reproche qu’on pourrait me faire. Puisque mon illustre maître Hiérothée a fait son admirable recueil des Éléments de théologie, devais-je, comme si ce traité fût incomplet, écrire le présent ouvrage et d’autres encore ? Certainement, s’il eût voulu continuer l’exposition par ordre