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CHAPITRE II.


nature et à notre substance dans les choses même qui sont propres à notre nature et à notre substance, et qu’il posséda d’une façon transcendante ce qui est à nous, ce qui est de nous. »

XI. Mais c’est assez sur ce point. Revenons à notre but et essayons de développer les noms divins qui expriment une distinction absolument commune aux trois personnes de la Trinité. Et afin qu’on s’entende parfaitement sur ce que nous allons dire, nous nommons distinction, ainsi qu’on a vu plus haut, toutes les productions de la bonté divine. Car, en appelant les êtres à sa participation et en laissant déborder sur eux le torrent de ses bienfaits, la divinité devient chose séparable, multiple, nombreuse en ses œuvres, sans qu’elle-même se divise, perde sa simplicité, sorte de son unité. Ainsi, parce que, du sein de son unité adorable, Dieu distribue les existences et crée tous les êtres, on dit que cette sublime unité se multiplie en ces êtres divers qu’elle produit ; et néanmoins, à travers la multiplicité, la production, la distinction de toutes choses, il reste identique, inaltérable, indivisible, parce qu’il est éminemment supérieur à tout; qu’il exerce sa fécondité sans fractionner sa substance, et qu’il répand ses dons sans que son trésor s’appauvrisse. De même quand il communique l’unité à chaque partie et totalité, à chaque individualité et multitude, il garde essentiellement son unité immuable, non point comme partie d’un tout ni comme un tout composé de parties. Ce n’est pas ainsi, certes, qu’il est un, qu’il participe à l’unité, qu’il possède l’unité; mais il est l’unité transcendante, l’unité radicale des êtres; il est totalité indivisible, plénitude incommensurable ; il crée, perfectionne et embrasse toute unité et multitude. Enfin, lorsque,