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DES NOMS DIVINS.


mais comment cela se fait-il, c’est ce qu’on ne peut ni dire, ni concevoir.

VIII. La force de notre pensée se borne à entendre que toute paternité et filiation sainte, parmi nous et dans les rangs des anges, dérivent de cette paternité et filiation primitives et sublimes ; et que c’est de la sorte que les esprits revêtus de pureté deviennent par la grâce et [sont appelés dieux, fils et pères de dieux. Et cette mystérieuse fécondité s’exerce spirituellement, c’est-à-dire sans l’intermédiaire des sens, ni de la matière, mais par l’intelligence. Au reste, l’Esprit saint s’élève par-dessus toute immatérialité et déification possibles, comme le Père et le Fils l’emportent excellemment sur toute paternité et filiation créées. Car il n’y a pas de comparaison parfaite entre les effets et leurs causes ; à la vérité, les effets ont une lointaine ressemblance avec leur cause ; mais la cause conserve sur les effets une supériorité inexpugnable, précisément parce qu’elle est leur principe. Ainsi, pour me servir d’exemples connus, on dit que le plaisir et le chagrin donnent gaîté et tristesse, mais non pas qu’ils se réjouissent et s’attristent ; le feu échauffe et brûle ; mais il n’est lui-même ni échauffé, ni brûlé. Et il ne me semble pas qu’on dise heureusement que la vie elle-même vit, et que la lumière est éclairée, à moins peut-être qu’on veuille marquer par là que la cause possède essentiellement et par excellence tout ce qui est dans son effet.

IX. Ce qu’il y a de plus sensible dans la sainte doctrine, le fait de l’incarnation du Sauveur, ne saurait être exprimé par aucune parole, ni connu par aucun entendement, non pas même par le premier et le plus sublime des archanges. Que Dieu se soit réel-