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CHAPITRE II.


les âmes et les purs esprits ? surtout si l’on songe que les anges, ces saintes et sublimes lumières, s’allient et se pénètrent excellemment et sans confusion, selon le degré où il leur est donné de participer à cette union parfaite qui subsiste en Dieu.

V. Si les noms divins doivent s’appliquer avec distinction, ce n’est pas seulement lorsqu’il s’agit d’exprimer, comme j’ai fait plus haut, que les adorables personnes, dans leur parfaite union, conservent leur subsistance propre, mais aussi lorsqu’il faut marquer qu’en la génération éternelle toutes choses ne sont nullement réciproques. Ainsi, le Père seul est la source substantielle de la divinité ; et le Père n’est pas le Fils, et le Fils n’est pas le Père ; et la langue sainte attribue invariablement à chaque personne ses propriétés relatives. Voilà ce qu’il y a de commun et de distinct dans cette ineffable et indivisible nature. Mais il faut encore nommer distinction en Dieu les œuvres qu’il produit dans sa bonté féconde, l’unité restant inaltérable, mais se dissimulant sous des formes multiples. Et alors cette distinction est commune aux trois personnes ; car elle a pour fondement l’acte incompréhensible par lequel Dieu répand l’être, la vie, la sagesse et les autres merveilles de sa bienfaisance, qui se manifeste dans ses largesses et dans ceux qui en sont l’objet comme incommunicable à la fois et daignant se communiquer. C’est donc chose indivisible, et par suite propre à toute la Trinité, d’admettre les créatures à sa participation non pas substantielle, mais réelle cependant ; ainsi en est-il du point placé au centre d’un cercle, par rapport aux lignes tirées de la circonférence jusqu’à lui ; ainsi encore de nombreuses empreintes participent du sceau qui les a gravées en laissant à cha-