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DES NOMS DIVINS.


rable, l’éternelle immutabilité d’une indépendance sans bornes, l’unité par excellence. À la Trinité entière le privilége de ne pouvoir être nommée et de mériter tous les noms, d’être incompréhensible et pourtant conçue, de créer et de détruire, de ne pouvoir être ni créée ni détruite. Aux trois adorables personnes ensemble la gloire d’habiter persévéramment l’une dans l’autre, si je puis parler ainsi, tellement que la plus stricte unité subsiste avec la distinction la plus réelle. C’est ainsi, pour me servir d’exemples sensibles et familiers, que, dans un appartement éclairé de plusieurs flambeaux, les diverses lumières s’allient et sont toutes en toutes, sans néanmoins confondre ni perdre leur existence propre et individuelle, unies avec distinction et distinctes dans l’unité. Effectivement, de l’éclat projeté par chacun de ces flambeaux, nous voyons se former un seul et total éclat, une même et indivisée splendeur, et personne, que je sache, ne pourrait, dans l’air qui reçoit tous ces feux, discerner la lumière de ce flambeau d’avec la lumière des autres, ni voir celle-ci sans celle-là, toutes se trouvant réunies, et non pas mélangées, en un commun faisceau. Que si l’on vient à enlever de l’appartement une de ces lampes, l’éclat qu’elle répandait sortira en même temps ; mais elle n’emportera rien de la lumière des autres, comme elle ne leur laissera rien de la sienne propre ; car, ainsi que je l’ai dit, l’alliance de tous ces rayons était intime et parfaite, mais n’impliquait ni altération, ni confusion. Or, si ce phénomène, s’observe dans l’air, qui est une substance grossière, et à l’occasion d’un feu tout matériel, que sera-ce donc de l’union divine, si infiniment supérieure à toute union qui s’accomplit non-seulement entre les corps, mais encore entre