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DES NOMS DIVINS.


cependant elle n’est pas, parce qu’elle surpasse tout ce qui est, comme elle l’affirme d’elle-même exclusivement, dans la profondeur de sa science.

II. C’est pourquoi, ainsi que je l’ai avancé, il n’est permis de dire et de penser touchant la suprême et mystérieuse nature de Dieu, que ce qui en fut révélé dans les saintes Écritures. Car là, Dieu même a daigné nous apprendre que tous les êtres ne peuvent voir ni connaître ce qu’il est, à raison de l’absolue supériorité de sa propre essence. Et vous verrez en effet la foule des théologiens proclamer non-seulement qu’il est invisible et incompréhensible, mais encore qu’on voudrait vainement sonder cet abîme, n’y ayant pas de sentier qui mène à ses mystérieuses et infinies profondeurs. Ce n’est pas toutefois que le souverain bien exclue aucun être de sa participation ; au contraire, il tire de son trésor inépuisable, et répand sur toutes choses, proportionnellement à leur capacité, le bienfait de ses splendeurs sacrées. Bien plus, il élève, autant que possible, à sa contemplation, à sa communion, à sa ressemblance les pieuses intelligences qui, se précipitant vers lui avec une respectueuse ardeur, n’ambitionnent pas, dans un mouvement de fol orgueil, plus de lumière qu’il ne leur en fut départi, et ne succombent pas non plus à la tentation d’un honteux relâchement ; mais qui, sans hésitation et sans inconstance, marchent vers la clarté dont Dieu les gratifie, et mesurant leur amour sur les dons célestes, suivent leur essor avec discrétion, fidélité et courage.

III. Dociles à ces saintes lois auxquelles n’échappent pas même les rangs sacrés de l’armée céleste, nous approchons du secret divin qui dépasse tout être et tout entendement, non point avec une témé-