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Par le sein des patriarches et des autres bienheureux, je pense qu’il faut entendre ces divines et fortunées demeures où ceux qui imitèrent Dieu sont admis pour jouir d’une vie parfaite et pleine d’immortelle félicité.

VI. Vous allez dire peut-être que ce sont là des choses justes, mais que, néanmoins, elles n’expliquent pas pourquoi l’hiérarque s’adresse à la clémence divine et demande que le défunt obtienne la rémission de ses fautes et une glorieuse place parmi les élus dans l’héritage céleste. Car, si tous reçoivent de la justice d’en haut la récompense de ce qu’ils ont fait de bien ou de mal ici-bas, celui qui est mort ayant achevé sa course et ses œuvres personnelles, la prière pontificale peut-elle lui valoir un autre partage que celui qu’il a conquis lui-même, et qui est le paiement de sa vie terrestre ?

Je sais très-bien, pour l’avoir appris des saintes Lettres, qu’il sera donné à chacun selon son mérite : « Car le Seigneur, est-il dit, tient un compte exact, et chacun recevra ce qui est dû aux bonnes ou mauvaises actions qu’il aura faites en son corps[1]. » Ensuite, que les prières des justes ne soient d’aucune efficacité pour les vivants et à plus forte raison pour les morts, à moins qu’on ne soit digne de cette sainte intercession, c’est ce qui nous est transmis et enseigné par les Écritures. Car quel avantage revint à Saül de la prière de Samuel ? et au peuple hébreu de la médiation de ses prophètes[2] ? Tel que celui qui, s’arrachant l’organe de la vue, demanderait à jouir de la lumière du soleil dont la splendeur ne frappe que les yeux purs et sains : ainsi se nourrit de vaines

  1. II. Cor., 5, 10.
  2. I. Reg., 15, 11 ; Exod., 32, 10 ; Jerem., 7, 16, et 11, 14.