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du parfum, on peut assurément dire la même chose de notre discernement spirituel : car si les facultés de notre âme ne sont pas corrompues, ni inclinées vers le mal, elles percevront les célestes parfums, se rempliront d’une sainte suavité et d’un surnaturel aliment, selon la mesure de l’opération divine, et en raison de notre fidélité à lui correspondre. Ainsi donc la composition mystique de l’huile sainte, autant que le grossier symbole peut exprimer la réalité invisible, nous représente que Jésus-Christ, source abondante d’où émanent les parfums surnaturels, exhale sa bonne odeur, dans des proportions d’infinie sagesse, sur les esprits qui lui sont plus conformes ; de sorte que l’âme, dans le transport d’une joie douce et enivrée du bienfait divin, se nourrit d’aliments célestes qu’elle puise dans les délicieuses communications de la divinité.

V. Or il me semble évident que les esprits angéliques, plus divins que nous, sont plus proches aussi de la source des suavités célestes qui leur sont mieux manifestées et plus largement départies, à raison de leur pureté excellente, et qui, se répandant à flots pressés, remplissent la capacité avec laquelle ils se présentent au bienfait divin. Au contraire, les intelligences inférieures et moins vastes ne peuvent contempler ni recevoir d’une façon aussi sublime ces grâces qui, saintement voilées, ne se communiquent qu’avec sage mesure et proportionnellement aux forces des sujets qu’elles visitent. C’est pourquoi les douze plumes ou aigrettes figurent l’ordre des séraphins si élevé par-dessus les natures augustes qui nous sont supérieures : ordre sacré placé auprès du Seigneur et l’environnant sans cesse, plongé avec délices dans les contemplations dont il est jugé digne,