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sacrements par lesquels sont établis, maintenus et vivifiés les ordres divers de la hiérarchie ecclésiastique, portent donc un double caractère, à la fois esprit et matière, réalité et figure.

Mais le monde supérieur projette sa lumière sur le monde inférieur, et il y a dans les choses qui apparaissent comme un vestige des choses purement intelligibles. Ainsi, les rits usités dans les sacrements sont remplis de pieuses leçons ; et un des devoirs et des secrets de la foi, c’est d’étudier le divin dans l’humain, l’incréé dans le créé, l’unité dans la multiplicité.

Toute recherche touchant les sacrements comprend trois points : le premier consiste à découvrir la raison du sacrement et comment il se lie à l’ensemble de nos doctrines ; le deuxième décrit les cérémonies variées et les rits avec lesquels le sacrement s’opère ; le troisième, enfin, exprime le sens mystérieux des pratiques usitées parmi l’administration des choses saintes.

Ainsi, la fin de la hiérarchie ecclésiastique étant de nous assimiler à Dieu, il faut d’abord créer en nous la vie surnaturelle, nous enrichir d’un principe divin, capable de développement ultérieur, comme tout ce qui vit. Enfantés à la grâce par le miracle d’une régénération spirituelle, nous avons besoin d’un aliment qui nous soutienne et nous perfectionne, et l’effort de notre liberté doit être d’approcher de Dieu en la proportion où Dieu daigne s’abaisser vers nous. Mais autant il importe d’aspirer et de tendre au but que la Providence fixe pour chacun de nous, autant il importe de suivre en cette course le chemin qui nous est tracé, et de respecter les limites posées par la hiérarchie ; car la volonté de Dieu est ordre, comme elle est vie. Même cette soumission est la sauvegarde de la société entière, aussi bien qu’un élément de perfection pour les individus, et rien ne doit être plus scrupuleusement observé et maintenu que les droits et les devoirs respectifs des membres de la hiérarchie. Ainsi se déploient pour le bonheur de l’humanité la grâce et la liberté ; ainsi est sanctifiée notre vie ; ainsi est bénie notre mort.

Les symboles sous lesquels nous sont départis les dons divins ont une merveilleuse analogie avec les effets que nous espérons des divers sacrements. L’intelligence est réjouie et consolée quand elle entrevoit ces harmonieux rapports ; la lumière retombe en flots d’amour sur le cœur qui entre dans de saints tressaillements. Sous cette double influence, la nature humaine se perfectionne en remontant vers Dieu, qui ainsi spiritualise la matière, divinise l’esprit et se retrouve tout en tous.