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la jeunesse. Chaque forme aura donc son sens caché, et sera le type sensible d’une réalité mystérieuse.

Mais je crois avoir suffisamment traité ce sujet ; cherchons l’explication des formes animales dont la théologie revêt parfois les célestes esprits.

VIII. Or, par la forme de lion, il faut entendre l’autorité et la force invincible des saintes intelligences, et le secret tout divin qui leur est donné de s’envelopper d’une obscurité majestueuse, en dérobant saintement aux regards indiscrets les traces de leur commerce avec la divinité[1] (imitant le lion qu’on dit effacer dans sa course l’empreinte de ses pas, quand il fuit devant le chasseur).

La forme de bœuf appliquée aux anges exprime leur puissante vigueur, et qu’ils ouvrent en eux des sillons spirituels, pour y recevoir la fécondité des pluies célestes : les cornes sont le symbole de l’énergie avec laquelle ils veillent à leur propre garde.

La forme d’aigle rappelle leur royale élévation et leur agilité, l’impétuosité qui les emporte sur la proie dont se nourrissent leurs facultés sacrées, leur attention à la découvrir, et leur facilité à l’étreindre[2], et surtout cette puissance de regard qui leur permet de contempler hardiment et de fixer sans fatigue les splendides et éblouissantes clartés du soleil divin.

Le cheval est l’emblème de la docilité et de l’obéissance ; sa couleur est également significative[3] : blanc, il figure cet éclat des anges qui les rapproche de la splendeur incréée ; bai, il exprime l’obscurité des divins mystères ; alezan, il rappelle la dévorante ardeur du feu ; marqué de blanc et de

  1. Apoc., 4 ; Ezech., 1.
  2. Ezech., 1 ; Apoc., 8.
  3. Zach., 7.