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INTRODUCTION.

nant l’autorité pour point de départ et pour règle, est beaucoup mieux garantie par la méthode de déduction contre les écarts possibles. La philosophie de Platon est plus en harmonie que celle d’Aristote avec les principes de la théologie ; mais les procédés logiques du péripatétisme servent plus utilement une science qui naît toute faite et qui, avec raison, se proclame immuable, que n’eussent fait l’originalité et la liberté aventureuses des académiciens. On voit comment le moyen âge fut naturellement incliné à chercher ailleurs que dans saint Denys la forme selon laquelle il procédait en ses investigations.

Il en est autrement de la série d’affirmations qui se déguisaient sous cette méthode ; elles n’ont aucun air de parenté avec l’aristotélisme, du moins dans la première période de la scholastique. En effet, à part les livres organiques dont on vient de parler, les autres écrits d’Aristote, et particulièrement sa métaphysique, ne pénétrèrent en Occident que sur les pas des Arabes vainqueurs de l’Espagne ; ils passèrent en France, d’abord à l’aide de simples commentaires, puis en des versions faites sur l’arabe ; ce n’est qu’au treizième siècle qu’on put les étudier enfin dans la pureté originale du texte grec. Or, même à partir de ce moment, le règne de la métaphysique aristotélicienne ne devint pas exclusif. Précédée dans les écoles par les doctrines de Denys l’Aréopagite, elle eut à en soutenir la concurrence permanente, qui devint encore plus redoutable quand on connut les œuvres de Platon. La dispute acharnée des réalistes et des nominaux, le développement immense du mysticisme dont il sera bientôt question, les défenseurs que trouva au quinzième siècle le fondateur de l’Académie : tout cela fait voir que la fortune d’Aristote éprouva, durant les diverses périodes du moyen âge, des variations considérables, et que sa métaphysique fut moins constamment heureuse que sa méthode. Aussi les doctrines du Lycée n’entrèrent pas si avant qu’on le croit vulgairement, dans le sol de ces sociétés méconnues qui préparaient la nôtre ; le plato-