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CII
INTRODUCTION.

sur elle-même une révolution invariable, un cercle éternel, dont elle est à la fois le plan, le centre, le rayon vecteur et la circonférence, et qu’elle décrit sans sortir d’elle-même, et en revenant au point qu’elle n’a pas quitté.

L’amour, la beauté, la force réunies dans l’unité ; voilà la perfection. Aussi Dieu est-il parfait, d’abord parce qu’il possède essentiellement la perfection, et qu’il trouve en lui et par sa nature propre sa forme immuable, et que tous ses attributs sont absolument parfaits ; ensuite parce que sa perfection dépasse celle de tous les êtres, et que tout ce qu’on nomme infini trouve en lui sa limite, et qu’il s’étend à tout et au-delà de tout par ses inépuisables bienfaits et ses opérations incessantes. Voilà la perfection divine : sous quelque aspect qu’on la considère, et, par suite de quelque nom qu’on la désigne, on doit l’affirmer de Dieu à un double titre, et parce qu’il la possède éternellement et éminemment, et parce qu’il l’a communiquée aux créatures.

Mais Dieu existe en trois personnes qui possèdent avec des distinctions relatives une même et indivisible substance. C’est pourquoi, après avoir nommé et décrit l’unité de la nature divine, il faut nommer et expliquer la trinité des personnes. Or il n’est pas douteux que dans le livre des Institutions Théologiques, saint Denys n’ait revêtu des formes de sa philosophie ce dogme dont il traitait spécialement. Mais il ne nous reste de lui que quelques lignes où il rappelle les principales affirmations de la doctrine catholique sur ce point.

Il n’y a qu’un seul Dieu Père, un seul Seigneur JésusChrist, un seul et même Esprit saint dans la simplicité ineffable d’une même unité. Ce qu’il y a de commun entre les trois personnes, c’est la vie, l’essence, la divinité ; ce qu’il y a de distinct, c’est le nom et la personne du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tellement qu’on ne saurait faire, dans le premier cas, des affirmations particulières et exclusives, ni, dans le second cas, des affirmations réciproques et absolument générales. Le Père est la