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XCVI
INTRODUCTION.

I. De Dieu.

Le principe des choses étant aussi leur raison d’être et leur fin, toute science profonde, exacte et complète est la science des origines. L’origine de tout, c’est Dieu ; Dieu doit donc avant tout être étudié et connu. Toute autre question s’illumine de l’éclat de celle-ci ; toute autre solution trouve dans celle-ci son germe.

Or Dieu peut être connu de diverses manières. D’abord en lui-même, par les propriétés et les perfections qui ornent la richesse de son essence, qui lui appartiennent nécessairement, et sont substantiellement incommunicables : telles sont l’unité de nature et la trinité des Personnes ; tels sont les autres attributs que nous adorons en Dieu.

Dieu est connu par le moyen des créatures dont il est le père, la providence et le terme. Car, comme tout ce qu’elles ont de réel vient de Dieu, il s’ensuit que les noms qu’elles portent, et qui expriment leurs propriétés, peuvent être appliqués à leur cause féconde, qui est ainsi manifestée par ses effets. Ce qu’on sait du monde on le transporte à Dieu, dont les invisibles beautés sont devenues intelligibles, en se voilant dans la création.

Enfin l’homme peut connaître Dieu, en s’élevant par delà toute chose finie, soit sensible, soit intelligible, en s’abdiquant lui-même. Car dans cette sublime et universelle abstraction, l’âme purifiée, puis touchée du feu de la charité, et émue par la douceur de la grâce, s’élève et se précipite vers Dieu qu’elle atteint sans le comprendre. Mais cette union pleine d’ignorance sublime, cette intuition pleine d’amoureuse extase est précisément le plus haut degré de science où puisse monter l’intelligence soit humaine, soit angélique.

Or ce qu’on sait de Dieu par ces voies diverses, c’est qu’il existe en une seule et indivisible essence, ornée des