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VI
INTRODUCTION.

d’autres monuments du temps. Donc un écrit ne doit pas être rejeté comme apocryphe, lorsque,

1o  Il existe une parfaite analogie entre les doctrines de l’auteur prétendu et les doctrines qu’il dut professer dans le siècle où on le place et dans la position qu’on lui fait ; lorsque,

2o  Le style, aussi bien que le fond des choses, rappelle les études et la profession d’ailleurs connues du personnage ; lorsque,

3o  L’écrivain signale la part qu’il a prise à des événements contemporains, et qu’il cite les hommes de son époque et les relations qui l’attachaient à eux, tellement que ces indications sont en conformité parfaite avec ce que l’histoire nous apprend de lui ; lorsque,

4o  En attribuant l’écrit à quelque faussaire, on tombe dans des difficultés réellement insolubles, dans des impossibilités morales.

Ces indices suffisent, parce qu’en droit les adversaires ne sauraient en imaginer d’autres, et parce qu’en fait leurs observations se ramènent à ces quatre chefs. Ces indices réunis donnent au moins un haut degré de probabilité à une opinion : autrement, en droit, il faudrait abolir cette partie de la critique qui consiste à juger de l’authenticité d’un livre par les caractères qu’il présente, et en fait, jamais aucun livre n’aurait des caractères intrinsèques d’authenticité.

C’est pourquoi il reste à conclure que notre Aréopagite est l’auteur des ouvrages qu’on lui attribue. En effet :

1o  Il existe une parfaite analogie entre les doctrines exposées en ces livres, et les doctrines que dut professer saint Denys.

D’abord, membre de l’Aréopage, comme le suppose son nom, et comme l’atteste positivement saint Luc[1], Denys ne dut pas rester étranger à la philosophie. Ce tribunal, dont il était président, au rapport de Michel Syngel[2],

  1. Act. Apost., cap. 17, 34.
  2. Michael Syngel., encom… in S. Dionys.