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DANTON


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LA PATRIE EN DANGER


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DISCOURS PRONONCÉ LE JOUR DE SON INSTALLATION
COMME SUBSTITUT DU PROCUREUR DE LA COMMUNE[1]


Novembre 1792.


Monsieur le maire et messieurs,

Dans une circonstance qui ne fut pas un des moments de sa gloire, un homme dont le nom doit être à jamais célèbre dans l’histoire de la Révolution, disait : qu’il savait bien qu’il n’y avait pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne ; et moi, vers la même époque à peu près, lorsqu’une sorte de plébiscite m’écarta de l’enceinte de cette assemblée où m’appelait une section de la capitale, je répondais à ceux qui attribuaient à l’affaiblissement de l’énergie des citoyens, ce qui n’était que l’effet d’une erreur éphémère, qu’il n’y avait pas loin pour un homme pur, de l’ostracisme suggéré aux premières fonctions de la chose publique. L’événement justifie aujourd’hui ma pensée ; l’opinion, non ce vain bruit qu’une faction de quelques mois ne fait régner qu’autant qu’elle-même

  1. Fréron, en rapportant ce discours dans l’Orateur du Peuple, le fait précéder des réflexions suivantes : « M. Danton, je vais rapporter votre discours, non parce qu’il renferme des vérités frappantes, mais parce que la profession de foi que vous adressez au peuple, lui servira de pièce de comparaison, et qu’il pourra, si vous êtes fidèle à vos principes, lorsque la cour voudra l’enchaîner, se rallier autour de vous. Vous avez de grands moyens, faites-les valoir, ou sinon, je vous poursuivrai avec le même acharnement que je poursuis tous ceux qui nuisent à la chose publique ».