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LA MESSE DE FLORENT LÉTOURNEAU

jambes. « Pas de ça, fille perdue, qu’il rugit, t’es pas ici pour faire l’amour. Allons, rachève ta mômerie, adore l’enfant de Lucifer. » L’autre lui répond, furieuse : « Je l’adorerai si je veux. Ah ! ah ! c’est pas à lui, d’abord : c’est pas le premier tour que je lui joue. C’est bon c’est bon, retiens ton fouet et puis regarde-moi faire. »

Pour lors elle tombe sur ses genoux, et, les bras étendus, elle marmotte : « Fils de Satan, ou d’un autre, je t’insècre, je te réinsècre, je te griffe, je te ramougriffe ; rôti, bouilli sois-tu in soecula soeculorum ! » En disant ça, prise de rage subite, elle pince le bébé de toute sa force et lui flanque une claque dans le visage. Le petit Satan ne fait qu’un saut ; il lâche un miaule à frissonner, s’agrippe au bras de sa mère et lui enfonce ses ongles dans la peau. Et alors l’homme, la femme, le poupon, les ours, le chat sauvage, et jusqu’aux bêtes puantes, se mettent à hurler comme des damnés qu’ils étaient tous.

Dire que pendant ce temps-là, monsieur, nous autres on était assemblés dans une belle église chaude, bien éclairée, parfumée d’encens ; — qu’on chantait des cantiques, tous d’une seule âme et d’un seul cœur, en compagnie de la Sainte-Vierge et de l’Enfant-Jésus !

Quand le silence est revenu, Létourneau