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CISTUS

Le matin, toute la maisonnée se leva joyeuse, Laurent et Alice, naturellement, les plus heureux de tous. Une des premières pensées fut pour l’étranger orphelin. « Je vais aller voir, dit Thérèse, comment il a passé la nuit. »

Elle revint au bout d’une minute.

— Il est levé, je crois, dit-elle, il n’est pas dans la chambre.

On monta voir. Elle disait vrai. On le chercha par la maison, explorant tous les coins, sans le découvrir. On fouilla le grenier, remuant les bahuts, les malles. Alors ce fut une stupéfaction. Qu’était-il devenu ? Avait-il eu l’idée baroque de s’échapper pendant la nuit ? Mais par où avait-il passé ? La neige était intacte au-dessous de la seule fenêtre qu’il eût pu franchir.

— Aurait fallu, dit Onésime, qu’il aurait descendu, traversé la cuisine, qu’il aurait ouvert la grand’porte et pris de suite le chemin battu. Mais je l’aurais entendu, j’étais couché dans le banc-lit.

— Pauvre petit fou, dit Alice, qui est encore à courir les chemins ! C’est-il pas à tirer les larmes ?

L’étonnement s’accrut quand on constata qu’il avait repris son accoutrement misérable. Le linge blanc qui l’avait couvert gisait sur le chevet du lit.