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CISTUS

— Laurent, y a-t-il une chance ?

— Je pense que oui, dit Laurent. Je gagnerai du côté d’en bas, quitte à revirer par après. Comme ça on croisera pas les gens au retour de la messe.

Ils saisirent vite les habits, les paquets, et se dirigeaient vers la porte, quand Castor aboya, cette fois d’une voix amie, en agitant sa queue touffue. En même temps ils perçurent un son affaibli de grelots.

— C’est trop tard, dit-elle effarée, les v’là dans une minute ! Cachons ces affaires-là vitement. Laurent, ne te trouble pas, tiens-toi à côté de moi. Je te défendrai, je prendrai ta part.

La voiture entrait dans la cour. La porte s’ouvrit après quelques secondes. Le père, la mère, Onésime et Thérèse entrèrent secouant leurs manteaux. Leur premier regard leur montra Alice avec Laurent près d’elle, et dans une chaise, un enfant étique qu’ils ne connaissaient pas. Sur la table, qu’éclairaient deux lampes, la nappe blanche reluisait, le réveillon offrait ses victuailles joyeuses. Ils s’arrêtèrent, croyant rêver, leurs yeux errant sur cette énigme. Puis, l’aspect de Laurent éveillant un soupçon :

— Qu’est-ce que tout ça ? dit le père Corriveau. Qu’est-ce que tu fais ici, Laurent ?