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LE NOËL DE CAROLINE

C’étaient les mêmes yeux bleus et calmes, le même front élargi par un soupçon de calvitie, le même nez long et droit, le même contour de la joue et des lèvres. La barbe était du même châtain et de coupe identique, affectait les mêmes courbes, se fondait en deux demi-lunes pareilles. On eût dit un portrait, bien plus, une transposition de personnes.

Plus elle regardait cette physionomie, plus son étonnement croissait, en même temps que naissait en elle une sorte de douceur émue. Elle revenait maintenant aux autres acteurs de la scène ; son œil errait de la Vierge à l’Enfant, des animaux aux mages ; mais ils lui semblaient tous être occupés de saint Joseph ; tous la dirigeaient comme du doigt vers cette apparition mystique qui était celle de son ami. Et chaque fois qu’elle croisait le regard bienveillant du patriarche, elle eût juré que François Bénard lui souriait.

Cependant la grand’messe battait son plein ; les mesures larges du Credo succédaient aux volutes du Kyrie ; les officiants circulaient selon le rite dans la fumée blanche des encensoirs. Alternant aux laudes liturgiques, les noëls frétillaient sur de menus airs de danse. Les cierges échauffés lançaient des flammes plus hautes. Peu à peu une joie innocente, faite de ferveur et de charme, gagnait cette foule. On était