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première, je dis l’action qu’elle exerçait sur les femmes au sujet d’elle-même ; dans la seconde, je dis l’action qu’elle exerçait sur elles au sujet des autres ; dans la troisième, je dis comment cette action se faisait sentir merveilleusement non seulement sur elles, mais sur tout le monde, non seulement par sa présence mais aussi par son souvenir. La seconde partie commence à : à sa vue… La troisième à : et tout ce qu’elle fait…


Lorsque le Poète nous dit que la noblesse et la beauté de Béatrice répandaient leur reflet « sur les femmes qui allaient avec elle, » et que tous ceux qui l’approchaient se pénétraient de sa perfection au point d’en oublier leurs bassesses et leurs fautes, il ne semble d’abord se livrer qu’à quelque amplification poétique.

Lorsqu’il nous montre les anges du ciel réclamant cette merveille pour qu’elle vienne partager la paix dont ils jouissent, nous n’y apercevons d’abord qu’une figure de rhétorique propre à nous faire pressentir la destinée d’une créature dont « le monde où elle vit n’est pas digne ».

Cependant, n’est-il pas vrai que, dans la vie commune, le commerce assidu d’une grande beauté ou d’un pouvoir insigne nous relève aux