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Dans un article tout récent[1] consacré à l’important ouvrage de Scherillo (alcuni capitoli dalla biografia di Dante) un éminent critique, M. Barbi, ne croit pas non plus que ce passage provienne d’une source antérieure à la Vita nuova. Je reproduis à peu près ses paroles :

Il ne pouvait prévoir encore la fiction de ce voyage dans les royaumes ultra mondains, entrepris pour le bien du monde qui vivait mal, et pour lequel il n’avait aucun titre, « n’étant pas Énée ni saint Paul »[2].

Alors que Dante écrivait cette canzone, les infortunes ne lui avaient pas encore donné l’expérience des besoins du siècle pour lui faire concevoir une telle entreprise et dans un pareil but[3].

C’est parce que nous sommes familiers avec la fiction de la Comédie que nous interprétons ainsi le voyage en question. On comprenait autrement en 1289 que Dieu fît dire dans l’Enfer aux perdus par la bouche du Poète : « J’ai vu l’espérance des Bienheureux… »

Je ne puis m’empêcher de faire encore remar-

  1. Bullettino della Società Dantesca Italiana, Firenze, octobre, novembre 1896.
  2. La Divine Comédie, l’Enfer, ch. II.
  3. Se reporter à mon Introduction, p. 14.