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court espace de temps que comporte le récit du Poète[1].

C’est à Boccace que nous devons ces détails, uniformément répétés depuis, sur la foi de son Commentaire sull’ amore per Beatrice[2], et, fait remarquer l’un des commentateurs les plus autorisés du Poète, faut-il accepter aveuglément tout ce qu’il nous raconte, sans faire la part de sa propre imagination, de la facilité avec laquelle, à cette époque, on s’en rapportait aux racontars, ou aux témoignages les moins respectables, ou encore de la vanité de ceux qui, voyant la gloire du Poète grandir aussitôt après sa disparition, voulurent lui avoir appartenu par un lien quelconque[3] ?

Tout cela est fort judicieux sans doute. Mais, est-ce bien ainsi qu’il faut considérer la Vita nuova ? Ce n’est pas une biographie précise ni une chronologie exacte que nous devons y chercher. Lorsque le Poète a rassemblé ses souve-

  1. Voir le chap. XIX et les suivants. Il faut ajouter que l’on ne connaît pas l’époque de ce mariage, et que l’on a pu émettre cette supposition, que l’héroïne du roman n’était pas une jeune fille, mais une femme mariée !
  2. Boccaccio, Commento sulla Commedia, 1273.
  3. Scartazzini, Fu la Beatrice di Dante la Figlia di Portinari (Giornale Dantesco, an 1, quad. III).