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rience[1], devais-tu te laisser séduire par la beauté de quelque jeune fille et par d’autres vanités dont la jouissance devait être éphémère ?… »

Dante se tenait d’abord devant elle « comme les enfans honteux et muets, la tête baissée, qui restent à écouter, reconnaissant leurs fautes et se repentant, et à peine put-il articuler : « Ce que je rencontrais avait attiré mes pas par des plaisirs trompeurs, après que votre visage eut disparu de mes yeux… »

Puis il se sentit pénétré d’un repentir si poignant qu’il s’abîmait aux pieds de la Sainte et, vaincu par la violence de ses émotions, il s’évanouit.

Et les anges qui volaient autour de Béatrice chantaient : « In te, Domine, speravi… » Et les créatures célestes imploraient son pardon, et elles chantaient : « Nous sommes nymphes dans ce séjour, nous sommes étoiles dans le ciel, tourne, Béatrice, tourne tes yeux saints vers ton fidèle qui pour te voir a fait tant de chemin, et permets-lui de contempler ta seconde beauté… »

  1. Voir la note de la page 14 de l’Introduction.