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chevelure à sa quenouille, discourait avec sa famille sur les Troyens, Fiésole et Rome. On eût été aussi étonné de voir alors une Cianghella, un Lapo Salterello, qu’on le serait aujourd’hui si on revoyait Cincinnatus et Cornélie.

« Au milieu de ce repos, de cette vie si honorable des citoyens, dans une ville si heureuse, Marie, invoquée à grands cris par ma mère, facilita les travaux de son enfantement dans votre antique baptistère, je devins chrétien, et je reçus le nom de Cacciaguida.

« J’eus pour frères Moronto et Elisei. Tu dois le surnom que tu portes à la famille de mon épouse, qui vint de la vallée du Pô. Je suivis ensuite l’empereur Conrad, qui m’arma dans sa milice, tant mes services obtinrent ses faveurs. Sous ses ordres je marchai contre la méchanceté de cette loi que suit ce peuple qui usurpe, par la faute de votre pasteur, ce qui vous appartient de droit. Cette nation impie trancha mes jours, me sépara du monde trompeur qui souille tant d’âmes innocentes ; et du martyre, j’arrivai à cette douce paix. »