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CHANT NEUVIÈME

peu de temps, car j’ai peu commis le péché de l’envie. Mon âme est plus tourmentée du supplice du premier cercle, et il me semble déjà que je suis écrasé du poids des amertumes de là-bas. — Mais, reprit l’ombre, qui t’a conduit parmi nous, toi qui espères retourner parmi les hommes ? — C’est, dis-je, celui qui m’accompagne et qui se tait. Moi, je suis vivant : mais apprends-moi, ô esprit élu ! si tu veux que je porte aussi pour toi mes pas sur la terre. — Ta venue est un événement si miraculeux, repartit l’âme, qu’elle prouve combien Dieu te chérit ; aide-moi donc de tes prières. Je te demande encore, au nom de ce que tu désires le plus au monde, que si jamais tu foules le territoire de la Toscane, tu prennes soin de ma mémoire auprès de mes proches. Tu les trouveras au milieu de cette nation vaine qui espère tant de la possession de Talamone, et qui y perdra plus de temps et de vœux qu’à trouver la Diana : mais les amiraux y perdront bien davantage. »