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L’ENFER

Farfarello, Rubicante l’insensé : Barbariccia commandera la troupe. Côtoyez le fleuve de poix : que ceux-ci arrivent sains et saufs à l’autre pont qui est encore debout sur l’abîme. »

Je m’écriai alors : « Ô mon maître ! qu’entends-je ? mais allons-y sans escorte, si tu sais le chemin ; pour moi, je n’en demande aucune : n’es-tu plus aussi prudent qu’auparavant ? Vois ces démons, comme ils grincent des dents ! leurs yeux nous annoncent d’affreux malheurs. » Le sage me répondit : « Ne redoute rien ; laisse-les grincer des dents à leur aise ; ce n’est pas contre nous qu’ils sont irrités, c’est contre les coupables condamnés à bouillir dans le bitume enflammé. »

Les démons s’avancèrent à gauche ; mais auparavant ils avaient regardé leur chef d’un air d’intelligence, en serrant la langue avec un rire moqueur et d’effroyables grincements, et Barbariccia ouvrait la marche par les sons redoublés d’une trompette insolente et fétide.