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INTRODUCTION.

des races entières y furent dévouées. L’Église réclama-t-elle ? Comment l’eût-elle pu, comment aurait-elle interdit l’esclavage dont elle proclame dogmatiquement la légitimité, soutenue par Bossuet même, qui déclare qu’on ne la peut nier sans ébranler toute la tradition ?

Dans la question de la liberté italienne, on doit distinguer la liberté intérieure de chaque État, et la liberté de l’Italie entière en tant que nation.

À Rome, où l’esprit de la Papauté doit apparaître le plus clairement, que voit-on ? Une tendance continuelle à absorber tout le gouvernement, toute la puissance municipale, à détruire peu à peu tout ce qui pouvait opposer quelque résistance au pouvoir absolu du pape, à constituer enfin, politiquement comme spirituellement, une monarchie théocratique sans contrôle, sans limites. Les antiques libertés de la Ville éternelle, réduites à la dérision de je ne sais quel Sénateur grotesque, vinrent s’éteindre sous sa toge de pourpre devenue le suaire du Peuple-roi. Le combat fut long, de Crescence à Portinari, mais finalement les pontifes vainquirent.

Durant leur séjour à Avignon, cloaque d’avarice et de luxure où s’écoulaient les immondices de tout le monde chrétien, qu’on se rappelle ce que firent leurs légats en Romagne. Je ne parle pas des violences, des cruautés, des vols, du mépris effronté de toute justice