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INTRODUCTION.

sante lumière de la religion, des lois, on en voit sortir la poésie sous sa première forme, et cette forme est l’hymne. Les Védas ne sont qu’un recueil d’hymnes. Les chants d’Orphée, de Musée, étaient des hymnes. Chose bien remarquable, l’homme s’est d’abord, par un élan spontané de son être porté vers Dieu. Puis, redescendant en lui-même, au sein de la Nature, pénétré de sa vie, il en chante les merveilles, les secrètes puissances, ses propres sentiments, ses passions, et surtout la plus vive, la plus universelle, l’amour.

À cette poésie d’amour l’hymne vient se mêler ensuite par la combinaison, la fusion, qui s’opère dans les profondeurs mystérieuses de l’âme, de l’amour humain et de l’amour divin.

La pensée se développant, ce qui n’était qu’instinct devient plus tard doctrine. On voit naître une philosophie de l’amour séparé des sens (quoique la poésie qui le peint emprunte aux sens et aux passions des sens ses images), et dont l’objet se symbolise dans une femme idéale, avec les différences produites, chez les différents peuples, à des époques diverses, par les idées religieuses accessoires, les mœurs et le génie même des races. De là, pour ne pas remonter plus haut dans le temps, et ne pas s’enfoncer plus loin dans l’Orient, la Sulamite du Cantique des Cantiques, la Diotime du Banquet de Platon, où Socrate raconte comment il fut par elle initié à la doctrine de l’amour