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CHANT DOUZIÈME.

33. Chiron, se tournant à droite, dit à Nessus : « Retourne, et guide-les, et si une autre bande vous arrête, écarte-la ! »

34. Lors, avec l’escorte fidèle, nous suivîmes les bords de la rouge fosse bouillante, où les brûlés poussaient de grands cris.

35. J’en vis d’enfoncés jusqu’aux sourcils, et le grand Centaure dit : « Ce sont les tyrans qui s’assouvirent de pillage et de sang.

36. « Ici se pleurent les ravages accomplis sans pitié ; ici sont Alexandre et le cruel Denys, à qui dut la Sicile des années douloureuses.

37. « Et ce front au poil si noir est Azzolino 11, et cet autre blond est Obizzo d’Esti 12, qui vraiment 13 fut

38. « Là-haut, dans le monde, tué par son fils. » Alors je me tournai vers le Poëte, qui dit : « Que celui-ci maintenant te soit le premier, et moi le second 14. »

39. Un peu plus loin le Centaure fixa ses regards sur quelques-uns qui, jusqu’à la gorge, paraissaient sortir de ce sang bouillant.

40. Il nous montra une ombre, seule à l’écart, disant : « Celui-ci 15, dans le sein même de Dieu, perça le cœur que sur la Tamise on honore encore. »