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INTRODUCTION.

« elle conserve et sa nature et les affections qu’elle a contractées pendant cette vie. Quand donc les morts arrivent devant le Juge, il examine l’âme de chacun, sans avoir aucun égard au rang qu’il occupait sur la terre. Mais bien souvent, considérant l’âme du grand roi des Perses, ou d’un autre roi, ou de quelque autre homme puissant, il n’y découvre rien de sain ; au contraire, les parjures et les injustices dont elle s’est rendue coupable la couvrent comme d’autant de meurtrissures et de plaies ; elle est toute défigurée par l’orgueil et le mensonge ; il n’y a rien de droit en elle, parce qu’elle n’a point été nourrie de la vérité. Maîtresse de suivre ses penchants, elle s’est plongée dans la mollesse, la débauche, l’intempérance, dans des désordres de toute espèce, de sorte qu’elle regorge d’infamie : ce que voyant le Juge, il l’envoie ignominieusement dans la prison où elle doit subir les supplices qu’elle a mérités ; car il convient que celui qui est puni justement, le soit afin d’en tirer de l’avantage en devenant meilleur, ou pour servir d’exemple aux autres et les porter à se corriger par la crainte que son châtiment leur inspire[1]. Or, ceux que les dieux et

  1. Virgile met la même doctrine dans la bouche d’un des malheureux qu’il place en son enfer.

    « Discite justitiam moniti, et non temnere divos. »

    Æneid. lib. VI.