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INTRODUCTION.

termine leurs rapports mutuels, l’esprit est au-dessus de la matière, la raison au-dessus de la force aveugle qu’elle doit diriger vers les fins conçues par l’intelligence, et qui lui est dès lors essentiellement subordonnée. Niez cela, supposez la force indépendante de la raison, vous établissez deux principes égaux réciproquement libres et qu’aucune loi n’ordonne entre eux : le principe matériel de la force aveugle ou le principe du mal, le principe spirituel de la raison ou le principe du bien ; vous affirmez le dualisme, vous êtes manichéens.

Nous ne pensons pas qu’on puisse se refuser à l’évidence de ces maximes : les énoncer, c’est les prouver. Jusque-là donc, nulle difficulté. Mais le Pape ne dit pas seulement que la force doit être subordonnée à la raison, lui obéir, être dirigée par elle ; il dit encore : La raison, c’est moi, et il doit le dire dans le système catholique, selon lequel la raison suprême, qui est Dieu, se manifeste, pour le salut du genre humain, par Jésus-Christ toujours présent à son Église dans la personne de Pierre et de ses successeurs, revêtus de son autorité infaillible. Dieu, donc, ayant parlé premièrement par la bouche du Christ, et continuant de parler par la bouche de Pierre et de ses successeurs, vicaires du Christ, la raison de Pierre, la raison du Pape est la raison du Christ, la raison de Dieu même. Ce qu’il enseigne doit donc être cru d’une foi divine