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Armand, lui barrant le passage.

Ainsi vous me verriez me noyer que vous ne vous précipiteriez pas pour me secourir !…

Irène.

Que vous êtes drôle ! Vous savez bien que je ne puis pas nager… et puis, pardonnez-moi, mais vous auriez l’air un peu… bebête, un grand garçon comme vous, d’être sauvé par une petite fille.

Armand, la laissant passer.

On est bien malheureux, Irène, quand on sent que personne ne tient à soi, qu’on peut souffrir et puis mourir sans qu’une sympathie songe à nous consoler ou à nous plaindre !

Irène.

Décidément, vous voyez les choses en noir aujourd’hui. Pourtant si vous vous mettez à prendre ces airs, tragiques, vous allez certainement effaroucher les sympathies… J’aime les gens, moi, qui ne souffrent jamais et qui ne se meurent point… Au revoir, cousin. (Elle se retourne sur le seuil.) Et surtout, je vous prie, prenez garde à votre précieuse santé.

Elle disparaît.
Armand.

Irène ! nous allons au lac en phaéton, tout à l’heure.