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L. H. DANCOURT

criroit d’avoir la vue toujours fixée ſur le Seigneur Commis, Comme le Soldat Pruſſien ſur le Flügelman[1] en ſorte qu’ils s’exerceroient ſans ceſſe à accorder leur maintien avec la gravité de leur habit. Ô le beau Bal, ô le beau Bal !

J’obſerve un choſe : vous voulez de la modeſtie dans vôtre Bal, & vous excitez l’émulation des meres à bien parer leurs filles : eh M. ſongez donc au luxe que vous craignez tant ; ſongez que la modeſtie que vous exigez ne s’accorde pas avec une parure exceſſive. Vous voulez de la grace & de l’adreſſe, & qu’on applaudiſſe ces deux avantages dans ceux qui les auroient : ce ſeroient donc des grâces & une adreſſe de convention ? Car pour les grâces naturelles qui accompagnent les danſes de toute l’Europe, croiez moi, la ſcrupuleuſe modeſtie y trouveroit ſans ceſſe à redire.

Vous voulez que les peres & meres aient à leur tête un Seigneur Commis, & que tous enſemble compoſent un Aréopage pour juger de la modeſtie & de la danſe des jeunes gens ; mais ne craignez vous pas la prédilection des peres & meres pour leurs enfans ? Le Seigneur Commis, en ſuppoſant qu’il n’ait ni ſon fils ni ſa fille dans l’aſſemblée ſera donc le ſeul qui pourra prononcer avec impartialité, & rendre compte au Sénat de la conduite de ſes

  1. C’eſt le premier Soldat de la premiere file de chaque Bataillon ou Pelotton qui regle par ſes mouvemens l’exercice de tous les autres.