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par cette opinion à conclure que la mauvaiſe foi d’un grand nombre d’Écrivains eſt commune à tous & par conſéquent à vous.

Il y a eu des Auteurs fripons, voleurs même, impies, obſcênes, calomniateurs & ſcélerats, & vous êtes Auteur.

Diogêne étoit Philoſophe mais Philoſophe Cinique & ſuivant la commune opinion orgueilleux autant qu’inſolent ; on voioit ſon orgueil à travers les trous de ſon Manteau & quelque bonne opinion que M. De la Motte le Vayer en ait conçue ſur quelques penſeés raiſonnables receuillies de ce prétendu Sage, on ne peut voir qu’un inſolent, un ridicule & un orgueilleux dans la maniere dont il ſe conduiſit avec Alexandre. S’il eut été véritablement ſage il auroit accepté les préſens de ce Héros, ne ſut ce que pour ſoulager les malheureux de ſa connoiſſance. Il aima mieux faire une réponſe impudente que de ſe mettre en état de faire de bonnes actions. Le véritable Philoſophe alors fut Alexandre, puis qu’il ne ſe fâcha pas & je crois qu’il eſt très louable d’avoir mieux aimé être Alexandre qu’un Diogêne.

Un Grand Prince vous a voulu paier un de vos ouvrages beaucoup plus qu’il ne vaut aſſurément ; vous ne vous êtes réſervé ſuperbement du préſent qu’il vous faiſoit qu’un peu plus de ce quil valoit & vous avez renvoié le reſte, afin qu’on put vous comparer à Diogêne ; votre orgueil a percé comme celui de votre modele ; car l’hiſtoire ne dit pas