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tems qu’un brave, en ſe ſoumettant à la loi, ne paſſât pas pour un lâche : or c’eſt ce qu’on ne pouvoit empêcher ; ſe taire tout à fait c’étoit ſe compromettre ; permettre le Duel dans certains cas, & ſous l’autorité de vôtre Cour d’honneur, c’eſt expoſer à la mort celui des deux Champions qui a raiſon, & qui par conſéquent devroit toujours être vengé. Vôtre moien ne vaut donc pas mieux que la loi qu’il attaque.

Il ne tiendroit qu’à moi de me faire honneur dans vôtre eſprit : le moindre petit écolier de Droit, un Clerc de Procureur même pourroit ſelon vous ſans trop d’effort de génie compoſer un Code ; rien n’eſt à vôtre avis plus aiſé : Je me ſuis aſſis quelque fois ſur les bancs du Collége de Cambrai, j’ai même barbouillé groſſe & minnute chez le Procureur ; je puis donc me croire un petit Solon, & vous le faire croire auſſi. N’ai-je pas imaginé des loix pour le maintien de la police & des mœurs parmi les gens de ſpectacle. Vous établiſſez une Cour d’honneur, vous lui prescrivez ſa conduite, vous vous érigez en Légiſlateur de ce Tribunal. Puisque j’ai le même droit que vous ; puisque j’ai tous les titres que vous croiez ſuffiſans pour être auſſi Légiſlateur, je caſſe vôtre Cour d’honneur ſi elle ne ſuit pas les documens que je vais lui preſcrire. Soions de bonne foi pourtant, malgré toutes mes lumieres ce n’eſt par moi qui les ai imaginés ces documens. Un Officier Livonien priſonnier de guerre à Berlin, dis-