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Conſtance, des Zaïre, des Électre, des Tullie, des Nanine, & tant d’objets céleſtes à qui les femmes ſont bien plus près de reffembler que les hommes aux Héros que nos Dramatiques leur propoſent pour modeles.

Ceſſons de nous occuper à corrompre les femmes, ceſſons de ne les trouver aimables que quand elles ont tous nos defauts, ceſſons d’aimer les broderies, les galons, les colifichets, les femmes renonceront aux pompons & aux fontanges. N’adreſſons nos hommages qu’aux perſonnes modeſtes, vertueuſes, discretes & ſenſées, préférons les Conſtances & les Cénies aux Aramimtes & aux Dorimenes, les femmes voudront toutes reſſembler aux premieres.

Quoi l’expérience ne vous convaincra pas de ce que l’éducation peut produire chez les Dames ; vous leur refuſerez les talens des hommes après avoir lu les ouvrages des Gournay, des Dacier, des ſcuderi, des Ville-Dieu, des Sevigné, des DuChatelet, des Graſigni, des Du-Boccage, &c. Quel eſt donc l’homme qui ait répandu plus d’erudition dans une traduction que Madame Dacier, qui ait mieux écrit des lettres familieres depuis Ciceron qu’une Sévigné ? Un la Chauſſée ne s’honnoneroit-il pas d’avoir fait Cenie : un Fontenelle , un Crébillon fils d’avoir fait les lettres Peruviennes ? Avant M. de Voltaire, quel homme citerez vous pour un Poëme épique François que la Colombiade & la traduction de Milton ne fit rougir ? Combien de tems a-t-il fallu