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d’eſprit tel que vous pourroit en faire, s’il ne laiſſoit aller ſa plume que ſous la dictée de la nature & de la raiſon. S’il s’en rapportoit plus à ſon goût & à ſes lumieres, qu’au mauvais jugement de gens qui préferent les expreſſions éblouiſſantes, & les jeux de mots aux penſées les plus ſolides & aux expreſſions conſacrées à la vérité du ſentiment. La penſee de tel vers de votre Sonnet, par exemple, eſt fauſſe par telle ou telle raiſon. Je puis me tromper & je ne vous donne point mon avis pour une regle à ſuivre ; mais enfin je crois vous devoir dire avec franchiſe ce que je penſe, autrement je répondrois mal ſans doute à l’honneur que vous me faites de me conſulter. « Oronte ſe rendroit peut-être avec plaiſir à des vérités démontrées ſi poliment : mais point du tout, on appuie bruſquement ſur ſa plaïe, & loin de ménager ſa foibleſſe, le ton qu’on emploie pour le corriger eſt préciſement celui dont on ſe ſerviroit pour lui dire Vous n’êtes qu’un ſot. Après bien des efforts pour ne pas lâcher un impertinence Alceſte la lâche du ton le plus révoltant. Franchement il eſt bon à mettre au cabinet, s’il faut de pareilles traits à la Philoſophie pour vous la rendre agréable vous êtes fondé à regarder, Alceſte comme un ſage, mais les autres vous regarderont vous & lui comme deux…… &c.

Mettez vous M. à la place d’Oronte, ſuppoſez que je ſois de votre connoiſſance, ou plûtôt que déſirant de lier avec moy, vous