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et en fer de différents calibres, mais en assez mauvais état, une quantité considérable de fusils à mèche de toutes les dimensions. Les canons en cuivre se chargent par une cavité située près de la culasse, dans laquelle on introduit une espèce de cartouche en fer ne contenant que la poudre : on n’a vu aucun affût. Quelques-uns des fusils sont à plusieurs coups ; ils ont plusieurs lumières sur le canon, de sorte qu’en mettant le feu successivement à chaque lumière, en commençant par la plus voisine de l’orifice, on a une série de décharges, ce qui doit être très-dangereux. Il y avait aussi des quantités énormes de poudre ; quelques-uns des dépôts ont sauté en produisant des secousses semblables à celles d’un tremblement de terre. On a trouvé également des toiles, des bois de différentes espèces, des vases en cuivre, des ciseaux, des éventails, des pinceaux, des peaux de bœufs et de cochons très-bien tannées, de la cire d’abeilles, de la cire végétale qui se récolte dans le sud de la Corée, des soieries de Chine, du minerai de cuivre, de l’alun, quelques porcelaines de mauvaise qualité, de grandes provisions de poisson sec, et pour plus de cent quatre-vingt mille francs d’argent, en lingots qui ont la forme de galettes.

« La bibliothèque était très-riche. Deux ou trois mille livres imprimés en chinois avec de nombreux dessins, sur beau papier, tous bien étiquetés, la plupart très-volumineux, reliés avec des plaques en cuivre sur des couvertures en soie verte ou cramoisie. J’y ai remarqué l’histoire ancienne de la Corée en soixante volumes. Ce qu’il y avait de plus curieux, c’était un livre formé de tablettes de marbre, se repliant comme les panneaux d’un paravent sur des charnières en cuivre doré, très-bien polies, avec des caractères dorés incrustés dans le marbre, et chaque tablette protégée par un coussin de soie écarlate ; le tout placé dans un joli coffre en cuivre, lequel était à son tour renfermé dans une boîte de bois peinte en rouge, avec ferrements en cuivre doré. Ces tablettes carrées formaient en se développant un volume d’une douzaine de pages. Elles contiennent, au dire des uns, les lois morales du pays, et selon d’autres, dont l’opinion est bien plus probable, les faveurs accordées aux rois de Corée par l’empereur de la Chine. Les Coréens y attachaient un très-grand prix. Dans une autre caisse, on trouva une tortue en marbre parfaitement sculptée, sous le piédestal de laquelle était le sceau royal, ce sceau formidable que les simples Coréens ne peuvent ni toucher ni même voir, et dont la possession a suffi plusieurs fois pour transférer l’autorité royale et terminer des révolutions. Celui que j’ai vu était neuf, et semblait n’avoir jamais servi.