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« … Au district de Tsil-kok se trouve, très-isolé et à mi-côte d’une énorme montagne, un village où environ quarante personnes reçoivent les sacrements. Dans le kong-so (maison qui, à l’arrivée du missionnaire dans un village, se convertit en oratoire et où l’on administre les sacrements), je reçus une lettre m’annonçant la persécution au district de Niang-san ; sept chrétiens venaient d’être accusés, et le mandarin les avait jetés en prison. C’était au fond une affaire d’argent ; et les accusateurs contents d’avoir pillé leurs victimes, n’avaient plus de plaintes à formuler. Le mandarin cependant voulait pousser l’affaire, et en référer au gouverneur. Il en fut heureusement détourné par un de ses parents de la capitale, alors près de lui, et se contenta d’ordonner de briller deux kong-so, et de chasser les chrétiens de deux villages de son arrondissement. Les prétoriens brûlèrent non-seulement les deux kong-so, mais encore toutes les autres maisons de ces deux villages. Dès lors, je ne pouvais plus songer à faire l’administration de ce district. En même temps, les nobles de Kim-hai faisaient entre eux une convention écrite pour mettre tous les chrétiens au ban de la société, et ce district encore me devenait fermé. Les chrétientés de l’arrondissement de Kei-tsiang étaient aussi tracassées par les païens. Enfin deux accusations furent présentées contre les chrétiens au mandarin du Tong-nai qui ne les reçut pas, détourné qu’il en fut par une esclave de préfecture qui a sur lui beaucoup d’influence. Mais les accusateurs ne se tinrent pas pour battus ; ils prirent eux-mêmes leur affaire en main, chassèrent les chrétiens loin de leurs villages, et brûlèrent leurs maisons … »

« Ces avanies se produisent contre tous les chrétiens de la province de Kieng-sang. Dans celle de Kieng-kei, où se trouve la capitale du royaume, six ou sept villages ont été envahis par les satellites, sans ordre du mandarin. Les maisons ont été pillées ou brûlées, les habitants cruellement battus ou traînés en prison ; d’autres ont pu se racheter en donnant des sommes d’argent qu’il leur a fallu emprunter à gros intérêts, dont ils seront grevés pendant bien des années. Tant de vexations découragent, non pas seulement ceux qui en sont les victimes, mais tous nos chrétiens en général, parce que tous, d’un jour à l’autre, peuvent en éprouver de semblables, dans un pays où personne ne les réprime. Pour peu que ce genre de persécution continue, la mission de Corée, qui, avec un peu de paix, offrirait tant de ressources à la prédication de l’Évangile, cessera de prospérer, et finira par périr entièrement. Priez donc pour que le temps de ces épreuves soit abrégé !