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pendant les deux jours qui suivirent, les forces franco-anglaises, laissant à leur droite Tong-tchéou qu’elles savaient complètement abandonné, résolurent de continuer leur marche sur Péking. Bientôt on apprit que l’armée tartare, commandée par le vieux général San-ko-lin-tsin, l’ennemi implacable des étrangers, s’était massée sur le canal de la capitale, près du pont de marbre (Pali-kiao), à cinq milles en avant de Tong-tchéou, dans un camp retranché, préparé de longue main, et défendu par une nombreuse artillerie. La lutte s’engagea, le 21 septembre, à sept heures du matin ; à midi le feu de l’ennemi était éteint, et à deux heures les troupes alliées étaient installées dans les tentes du général tartare, qui, après avoir fait des pertes considérables, avait pris précipitamment la fuite. Les deux journées de Tchang-kia-wang et de Pali-kiao valurent aux alliés plus de cent pièces de canon.

Le lendemain, le prince Kong, frère aîné de l’empereur, écrivit aux ambassadeurs que les deux autres plénipotentiaires étaient destitués, et que lui-même était nommé commissaire impérial pour conclure la paix. On lui répondit qu’il fallait avant tout renvoyer les prisonniers européens faits à Tong-tchéou. Ceux-ci n’étant pas revenus au camp dans le délai fixé, l’armée alliée continua sa marche, sans rencontrer d’obstacles sérieux. Le 6 octobre, l’armée anglaise campa à un mille de la porte nord-est de Péking. Le même jour, les Français s’emparaient du palais d’été de l’empereur, le Yuen-min-yuen si célèbre dans la poésie chinoise, et livraient au pillage la quantité incroyable d’objets précieux qui y étaient entassés depuis des siècles. Le 8 octobre et les jours suivants, quelques prisonniers européens et une douzaine de cipayes indous furent mis en liberté et regagnèrent le camp, annonçant la mort de plusieurs Anglais et Français qui avaient succombé aux mauvais traitements. Ils ne savaient pas ce qu’étaient devenus les autres prisonniers. On l’apprit plus tard, quand, la guerre terminée, leurs cadavres horriblement défigurés furent rendus par les Chinois.

Enfin, le 13 octobre, Houng-keï, ancien mandarin de Canton, où il avait été en relation avec les Anglais, vient trouver les ambassadeurs. On lui déclara que si Péking ne se rendait pas avant midi, on donnerait l’assaut. Les canons étaient déjà placés, et tout était prêt pour commencer le feu, lorsqu’à midi moins un quart, Houng-keï revint, et annonça que les portes étaient ouvertes, et que le gouvernement chinois renonçait à une défense inutile. Les alliés s’emparèrent aussitôt d’une porte, et montè-