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Mgr Berneux cruellement tourmenté par la gravelle, fut obligé de garder le lit pendant les mois de juin, juillet et août. MM. Petitnicolas et Pourthié demeurèrent plusieurs jours dans un état désespéré. Ils avaient été atteints du typhus, à la suite de fatigues excessives. M. Féron souffrait de fréquentes attaques de fièvre, et Mgr Daveluy écrivait de lui-même : « Pour moi, je n’ai pas à me plaindre de vives souffrances, la bonté divine me les épargne. Cassé et usé avant l’âge, je n’ai plus la force d’avoir une maladie ; je suis un jeune vieillard, dont la mémoire et toutes les facultés disparaissent. »

Et nonobstant tous ces obstacles, l’œuvre de Dieu avançait. Mgr de Capse, malgré ses infirmités, était toujours l’âme de la mission, donnant l’impulsion à tout, et se prodiguant avec un zèle sans limites. Outre les travaux ordinaires de l’administration des chrétiens, le P. Thomas achevait la traduction des principaux livres de prières, et préparait une édition plus complète et plus exacte du catéchisme ; une imprimerie s’organisait à la capitale ; M. Pourthié, dans les courts instants que lui laissait le soin du séminaire, continuait le grand dictionnaire commencé par Mgr Daveluy. Mgr Daveluy lui-même donnait les derniers soins à la publication de divers ouvrages importants pour l’instruction des néophytes. C’est dans cette année surtout qu’entouré de livres, de traducteurs et de copistes, compulsant des manuscrits précieux, et consultant la tradition orale, il put recueillir des documents du plus haut intérêt, ajouter cent cinquante pages aux annales des premiers martyrs, et rédiger des notes biographiques sur presque tous les confesseurs. Pour éclairer quelques-unes des obscurités, combler quelques-unes des lacunes de l’histoire de la grande persécution de 1801 et des temps qui l’avaient précédée, il fit dans les parties les plus éloignées de la chrétienté un voyage de trois mois, afin de retrouver et d’interroger en personne, sous la foi du serment, tous les témoins oculaires ou auriculaires encore vivants, qui pouvaient lui donner quelque renseignement utile. « Plaise à Dieu, » écrivait-il après cette expédition, « plaise à Dieu que ces travaux puissent bientôt se terminer pour sa plus grande gloire ! J’ai la conviction que l’histoire des martyrs de Corée sera une véritable manifestation de la puissance et de la bonté divines. » Trois ans plus tard (octobre 1862), Mgr Daveluy écrivait à M. Albrand, supérieur du séminaire des Missions-Étrangères : « J’envoie cette fois à M. Libois, notre procureur à Hong-kong, pour vous les faire passer par la voie la plus sûre, toutes mes notes sur l’histoire des martyrs. Elles ne sont pas rédi-