Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Capse et vicaire apostolique de Corée. Vous savez peut-être que Mgr Ferréol, vicaire apostolique de Corée, est mort depuis deux ans, avant d’avoir nommé son successeur, ou plutôt en me désignant pour le remplacer. En 1845, Sa Grandeur m’avait offert la coadjutorerie de Corée, que je crus alors devoir refuser ; j’étais trop jeune et sans aucune expérience des missions. Je croyais que c’était une affaire finie ; et jamais depuis il n’en fut question dans mes rapports avec Monseigneur de Corée. Mais Sa Grandeur, sans m’en prévenir, maintint son choix dans son testament fait en 1845.

« Rome n’a pas voulu changer les dispositions du prélat défunt. Le Saint-Père ne s’est pas laissé arrêter par la considération que je n’étais pas missionnaire de Corée et que j’étais déjà sacré coadjuteur de Mandchourie ; car on me croyait sacré alors. Par ses lettres du 5 août 1854, Sa Sainteté me déclare vicaire apostolique de Corée avec le titre d’évêque de Capse, et me presse de me rendre au plus tôt au milieu de mon nouveau troupeau. Après avoir hésité quelques jours, et imploré avec d’abondantes larmes les lumières du Saint-Esprit, j’ai pris ma détermination, et j’ai retrouvé le calme. Puisque le Saint-Père me savait ou plutôt me croyait déjà coadjuteur de Mandchourie, puisqu’il a eu sous les yeux et les motifs allégués par Monseigneur de Corée en me désignant pour son successeur, et les raisons apportées par Mgr Verrolles pour me garder ici, et que Sa Sainteté m’envoie en Corée et me presse de m’y rendre en toute hâte, je dois croire que c’est la volonté de Dieu. Aussi, toutes les difficultés qui m’ont jeté pendant quelques jours dans une étrange perplexité se sont évanouies.

« Je quitte une mission où je travaille depuis onze ans, dont je connais la langue et les usages, une mission où les chrétiens m’ont toujours témoigné confiance et attachement ; je quitte des confrères et un vicaire apostolique avec lesquels j’ai depuis longues années de si doux rapports, pour aller en Corée apprendre, à mon âge, une nouvelle langue et de nouveaux usages ; en Corée, dont l’entrée est si difficile. Je souffre horriblement en mer ; et peut-être me faudra-t-il y courir longtemps avant de pouvoir pénétrer dans ma mission, si même je puis y entrer jamais. Toutes ces considérations ne m’arrêtent plus. Votre volonté, ô mon Dieu, et rien que votre volonté ! »

Dieu sembla vouloir se contenter de la bonne volonté de son fidèle serviteur. Une longue et très-grave maladie, qui dura huit mois, obligea le nouveau prélat d’écrire au Saint-Père, pour le