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ces ancêtres ne peuvent pas veiller au salut de leurs descendants. L’endroit nouvellement désigné par ces docteurs après un mûr et solennel examen, se trouve être remplacement d’une ville assez considérable. Mais peu importe, on la démolira de fond en comble, et les habitants iront chercher fortune ailleurs. Il y a quelques mois la grande question était de savoir si on accorderait ou non, le titre et la dignité royale à l’un des bisaïeuls du roi actuel. Ce bisaïeul a été mis à mort du vivant de son père, à la suite d’une conspiration de palais ; mais les descendants des ministres qui le firent condamner alors, sont aujourd’hui les plus puissants à la cour, et pour que leurs propres ancêtres ne fussent pas accusés d’avoir mis à mort un innocent, ils se sont opposés à cette réhabilitation posthume. Celui qui le premier en avait eu l’idée, a été envoyé en exil, des centaines d’employés ont perdu leurs places, et beaucoup d’autres sont mal notés pour l’avenir. Dernièrement, un décret fut promulgué défendant sous peine de mort de se servir de chaises à porteurs. Quelques individus ont payé de leur tête la violation de cette loi ridicule, d’autres ont été exilés, et aujourd’hui, à la suite des réclamations populaires, les choses ont repris leur train accoutumé, et se sert de chaises à porteurs qui veut. Tout ceci vous donne une idée des graves intérêts qui occupent et divisent nos ministres, et de l’état misérable du pauvre peuple qui est gouverné par de tels hommes. »

À la même époque, M. Maistre écrivait à M. Barran, supérieur du séminaire des Missions-Étrangères : « Je vous ai dit que notre mission était de nouveau persécutée. L’année dernière, nos chrétiens crurent se bien mettre à l’abri, au moyen de 4,000 fr. de rançon ; ils obtinrent seulement un sursis de quelques mois. Cette année, en novembre, deux chrétiens ont été arrêtés, et j’ai sévèrement défendu toute composition pécuniaire. Il est évident, en effet, que fournir un pareil aliment à la cupidité des employés et satellites, c’est augmenter le danger pour l’avenir. Nos deux prisonniers ont eu recours à leurs amis et connaissances de la capitale de leur province, et pourront probablement se délivrer des tracasseries du petit mandarin qui les a fait incarcérer. Cet individu avait l’intention de frapper un grand coup et d’arrêter le missionnaire au passage, car il n’ignore pas que chaque année je traverse son district. Mais, averti à temps, j’ai jugé à propos d’évacuer le pays, et de remettre à une époque plus calme l’administration des quelques centaines de chrétiens qui l’habitent. En échange, il vient de faire saisir un chrétien, et un païen qui est au courant de nos affaires. Je ne crois pas que cet incident puisse