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mauvais traitements partiels. Plusieurs chrétiens furent même arrêtés par des nobles, qui ne les rendirent à la liberté qu’après les avoir rançonnés. Après la mort de Monseigneur, je repris le cours de l’administration, et la protection visible de Dieu me délivra des mains des satellites, qui saisirent le maître de la maison où j’avais logé, l’accusèrent de vol, le battirent et le dépouillèrent. Notre courageux prisonnier, déconcertant ses persécuteurs par la fermeté et la sagesse de ses réponses, fut conduit à la préfecture. Comme le mandarin se trouvait absent, la question fut portée au tribunal de son assesseur, ami secret et parent de plusieurs chrétiens. Il comprit bientôt que les satellites voulaient de l’argent, les blâma d’avoir, sans ordres, maltraité cet homme, les punit en conséquence, et renvoya le néophyte. Vers la même époque, l’arrestation d’une chrétienne peu fervente nous fit craindre bien des révélations indiscrètes ; mais grâce à la faveur d’un mandarin, fils de celui qui, en 1846, nous sauva d’une persécution, cette affaire fut étouffée dans son principe.

« Si ces vexations isolées rendent notre ministère difficile, la ferveur de nos chrétiens, leur foi vive, leur piété simple, leur sincère pénitence, leur joie spirituelle, leur saint recueillement, leurs larmes, qui nous rappellent les beaux jours d’une première communion, en un mot, tout ce qui peut réjouir le cœur d’un missionnaire nous fournit d’abondantes consolations. À côté des joies viennent se placer de belles espérances. Cette année, quatre cent soixante catéchumènes ont été admis à la grâce du baptême. L’opinion publique se fait moins hostile au christianisme ; plusieurs mandarins laissent vivre nos chrétiens dans un repos longtemps désiré, et cherchent à étouffer toute accusation portée contre eux.

« La crainte du gouvernement français aurait, suivant les uns, opéré ce changement ; d’autres l’attribuent à l’excellence de notre doctrine, excellence que plusieurs magistrats sont obligés de reconnaître. Quoi qu’il en soit, la bonne semence a été jetée et la grâce semble n’attendre qu’une circonstance favorable pour la rendre féconde. Parmi ceux qui peuvent entendre l’explication de notre sainte foi, bien peu demeurent indifférents ; sans s’arrêter à de stériles objections, ils confessent la sainteté de l’Évangile, et manifestent le désir de l’embrasser dès que le libre exercice en sera permis.

« Ils sont nombreux, ceux qui sont déjà convertis dans le cœur, mais la crainte de la persécution retient encore la vérité captive. Ils nous aiment, ils nous favorisent ; mais pour pratiquer