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« Quand le soleil parut, nous étions sur le bord de la grande route ; le peuple s’y était rendu en foule. J’ignore combien de milliers de gens étaient là à attendre pour contempler le roi et son cortège. Nous vîmes paraître d’abord des voitures qui probablement contenaient des provisions ; puis quelques grands personnages accompagnés, comme toujours, d’une nombreuse suite d’esclaves et de serviteurs. Peu de temps après, arriva un escadron de militaires rangés, cinq par cinq, sur des files assez distantes les unes des autres ; puis d’autres corps de troupes à pied ou à cheval, de distance en distance. Venaient ensuite quelques grands officiers du palais. Enfin on aperçoit de loin celui que tous les yeux cherchent. En avant et en arrière sont des corps très-nombreux de musiciens à cheval passablement accoutrés ; autour de Sa Majesté les eunuques et autres gardiens du palais, peut-être quelques hauts dignitaires. Le roi est un jeune homme dont la figure ne semble pas désagréable. Monté sur un cheval blanc, et couvert sur le côté d’un parasol rouge qui met sa personne à l’abri des rayons du soleil levant, il passe lentement devant nous. Ce n’est pas fini, il y a à la suite une troupe à peu près semblable à celle qui précède, plus nombreuse peut-être ; mais j’avais vu l’important, la faim et le froid me firent regagner mon gîte.

« Le but du voyage de Sa Majesté était une visite au tombeau du roi défunt, à environ quatre lieues de la ville. Des chaises élégantes précédaient pour le porter au besoin pendant le trajet, et une spéciale pour lui faire escalader la montagne où se trouve le tombeau. La procession s’étendait sur plus d’une lieue de longueur. Arrivé au terme, le roi devait rendre ses devoirs superstitieux à son prédécesseur, prendre son repas, ainsi que toute la bande, et revenir le même jour par le même chemin. Pour le cas où la nuit surprendrait les voyageurs, on avait préparé, des deux côtés de la route, des torches énormes, très-rapprochées, et plus grosses que le corps d’un homme. C’est la cérémonie la plus pompeuse et la plus belle qu’il y ait dans ce pays-ci, et chaque fois, une foule très-considérable se réunit pour jouir du spectacle qui pourrait être vraiment grandiose ; mais malheureusement tout se fait sans ordre ; les troupes elles-mêmes n’ont aucune tenue. Les habillements des soldats sont un peu variés, mais bien différents de notre genre européen. On pourrait les comparer aux habits de nos saltimbanques ; grands vêtements de diverses couleurs, plumets de toute espèce, et surtout des milliers de drapeaux dont quelques-uns sont assez jolis, et